- désabusement
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• 1674; de désabuser♦ Littér. Action de désabuser, de se désabuser. ⇒ dégoût. Cette Nation « était, sur ce point, arrivée à un désabusement voisin du mépris » (Madelin).⇒DÉSABUSEMENT, subst. masc.Action de désabuser; effet de cette action.A.— [En parlant d'un certain discernement dans la vie intellectuelle, affective] Qui ne se laisse pas abuser, jouer par les illusions; qui déjoue les erreurs. Le désabusement des passions. Imitation. — C'est le livre du désabusement (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1906-07, p. 278) :• 1. La réalité leur apparaît comme sous un jour de féérie, transformée qu'elle est par la magique vertu de l'imagination. Rien qui s'éloigne davantage de l'état d'esprit, tout composé de désabusement et de lucidité, auquel doit se mettre d'abord l'observateur.BOURGET, Essais de psychol. contemp., 1883, p. 214.• 2. Ainsi naquit entre lui [Bernard] et nous (...) cette amitié parfaitement échangée, parfaitement mutuelle, parfaitement parfaite, nourrie de la désillusion de toutes les autres, du désabusement de toutes les infidélités.PÉGUY, Notre jeunesse, 1910, p. 82.B.— [En parlant d'une certaine déception des expériences vécues] Amertume, dégoût. Le désabusement, le découragement, le doute m'ont réduit à l'apathie et aux enfantillages (AMIEL, Journal, 1866, p. 220). « Le désabusement d'un blasé, qui corrompt toute candeur » (MONTHERL., Filles, 1936, p. 1070) :• 3. Peut-être sa pauvre mère, qui avait beaucoup souffert, lui avait-elle inoculé son désabusement acerbe et sa secrète amertume. (...) Son âpre scepticisme tout bardé de soupçons injurieux et de préventions profondes, ne mériterait que la froideur et le silence;...AMIEL, Journal, 1866 p. 353.Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1762 puis 1932. Étymol. et Hist. 1675 (BONHOURS, Remarques nouvelles sur la lang. fr. ds LITTRÉ). Dér. de abuser; préf. dé(s)-; suff. -ment1. Fréq. abs. littér. :23.
désabusement [dezabyzmɑ̃] n. m.ÉTYM. 1674; de désabuser.❖♦ Littér. Action de désabuser, de se désabuser. ⇒ Désillusionnement, dégoût, éloignement.1 Cette Nation, qui s'était, au point que l'on sait, enthousiasmée en 1789 et 1790 pour la « Révolution de la liberté » et pour la conquête des droits politiques, était, sur ce point, arrivée à un désabusement voisin du mépris.Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, L'ascension de Bonaparte, I, p. 12.2 (…) quand les hommes de notre génération sursautaient devant l'injustice, on les persuadait que cela leur passerait. Ainsi de proche en proche la morale de la facilité et du désabusement s'est propagée.Camus, Actuelles, t. I, Pl., p. 278.3 Expert en désabusements, criblant de toutes les flèches d'une sagesse dissolue les ferveurs nouvelles, — auprès des courtisanes, dans les lupanars sceptiques ou dans des cirques aux cruautés fastueuses, j'aurais chargé mes raisonnements de vice et de sang, pour dilater la logique jusqu'à des dimensions dont elle n'a jamais rêvé, jusqu'aux dimensions des mondes qui meurent.E. M. Cioran, Précis de décomposition, p. 28.4 C'est un garçon de vingt-neuf ans. Il porte barbiche. Il a les lèvres sévères, les rides du désabusement précoce, une nuque et des épaules d'adolescent.L. Pauwels, l'Amour monstre, p. 34.
Encyclopédie Universelle. 2012.